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La démocratie selon Higgs

Le 9 mai dernier, le ministre de la Santé, Bruce Fitch, déposait le projet de loi 39 qui, s’il était adopté, serait la continuité de la prise de contrôle des régies de santé par le ministre de la Santé.

Le projet de loi ramène un Conseil d’administration (CA) pour chacune des régies mais un CA formé uniquement de membres nommés ce qui est en contravention de l’entente hors cour de 2010 entre Égalité Santé et la province. Cette entente garantissait un CA formé d’une majorité de membres élus.

Depuis 2010, les libéraux et les conservateurs ont nommé 7 membres. Les libéraux ont nommé des libéraux et les conservateurs des conservateurs mais il y avait toujours 8 membres élus par la population.

Le projet de loi 39 au lieu de dépolitiser le CA le politise au plus haut niveau. De plus, pour s’assurer que les décisions politiques soient mises en place, il crée une superstructure le Conseil de collaboration du système de santé formé de personnes non élues, et pire, composé des personnes qui ont donné les orientations au ministère de la Santé. Une absence de transparence comme dans le cas du Conseil d’administration du Programme Extra-mural/ ambulance NB.

Pour un parti politique qui prônait l’importance de la gestion locale et la transparence avant d’obtenir sa majorité, il a tout fait pour mettre en place une super-centralisation et une opacité dans la prise de décisions.

Dans les dernières semaines, nous voyons la philosophie centralisatrice, anti-démocratique et autoritaire du gouvernement Higgs que ce soit en santé avec les projets de loi 39 et 40, l’insertion du privé dans la gestion de services ou de la livraison de services, en éducation avec l’abolition du « district education council » et la révision de la politique 713, au niveau municipal avec la pouvoir que veut se donner le ministre de modifier ou abolir un arrêté municipal.

Le gouvernement Higgs met fin à la démocratie pour y instaurer sa vision soit celle du « je sais ce qu’il vous faut » au lieu de gouverner dans nos meilleurs intérêts.

Jacques Verge

Dieppe

Le privé en santé: la solution? NON

Le chef de la direction de Medavie, Bernard Lord, vantait la semaine dernière les bienfaits du secteur dans les soins de santé probablement pour influencer le gouvernement provincial à la veille de son budget 2023-2024. Pour lui, tous les problèmes du système de santé peuvent se régler en décentralisant les soins vers le privé. Oui, il nous faut une décentralisation en santé, mais à l’intérieur du secteur public.

Selon Bernard Lord, le secteur privé a toutes les solutions mais il oublie de nous dire que la majorité des problèmes de personnel que le secteur public vit actuellement ont été causés par les décisions des gouvernements conservateurs et libéraux de céder la gestion de services de soins de santé au secteur privé et plus particulièrement à Medavie ou à des entités hors de la santé comme Service NB (autrefois FacilicorpNB)

Une grande partie des ressources humaines de la santé ont quitté le public lorsque le gouvernement libéral et conservateur ont cédé le Programme Extra-Mural (PEM) à Medavie. Je devrais dire ont donné le PEM à Medavie. Ce personnel a quitté les réseaux de santé pour avoir de meilleures conditions salariales et de travail que les régies mais surtout que le gouvernement ne voulait pas leur donner. Medavie leur a donné ces améliorations et, nous, les contribuables, payons la facture. Mais pourquoi ne pas avoir donné ces avantages dans le public? Nous les aurions payer de toute façon mais nous aurions épargné les coûts d’administration que nous payons à Medavie (10 à15%)

Mais non, les libéraux et les conservateurs ont préféré le privé mais à quel prix pour nous les contribuables. De plus nous avons perdu le droit de regard sur ces services. Le privé ne rend pas de compte. Il existe pour faire des profits, point à la ligne. De plus, le secteur public perd son expertise encore une fois au détriment des contribuables et il sera difficile de rapatrier ces services au secteur public.

Où sont les études?

Lors d’une entrevue au Téléjournal Acadie, le fiduciaire du réseau de santé Vitalité, Gérald Richard, nous informait qu’il avait mandaté une entreprise de consultants pour connaître les motifs des départs hâtifs du personnel du réseau. De mémoire, c’était en 2022. Depuis ce temps, aucune nouvelle de cette étude. Pourtant, avant de faire du recrutement, la priorité doit être à la rétention de son personnel actuel.

Connaître les motifs et les causes de ces retraites précoces, de ces changements de carrières ou encore de son nouvel emploi en santé mais au privé, ce sont des explications primordiales pour mettre fin ou atténuer la pénurie de personnel au sein du réseau Vitalité et réduire l’embauche de personnel des agences privées.

Le réseau devait aussi faire, par le biais d’une firme de consultants, l’évaluation de sa structure organisationnelle. Encore une fois, aucune nouvelle de cette étude. Tout ce que nous avons pu constater, ce sont quatre (4) nouveaux postes au niveau de ce que le réseau qualifie de « l’Équipe de leadership ». Pourquoi avions-nous besoin de ces postes en tenant compte que l’évaluation d’Agrément Canada donnait la note de 100% dans quatre secteurs dont la Gouvernance?

À lire les communiqués de presse du réseau, nous aurions cru que le personnel manquant était au niveau de la première ligne et non des hauts dirigeants et des gestionnaires. C’est ce que le réseau a toujours dit pour justifier les fermetures de services ou les urgences!

Nous avons encore une fois la preuve que la bureaucratie crée la centralisation et s’occupe plus du haut de la pyramide au détriment de la base et par le fait même des patientes et des patients.

Agrément Canada

Le 3 février 2023, le réseau de santé Vitalité émettait un communiqué de presse portant sur ses résultats suite à la visite d’évaluation d’Agrément Canada qui a eu lieu en juin 2022. Vitalité nous informe qu’il a obtenu une note de 100% pour le secteur Gouvernance.

Pourtant le 15 juillet 2022, le premier ministre Higgs nous annonçait des changements majeurs au niveau de la gouvernance des réseaux de santé : il mettait fin au mandat des membres du Conseil d’administration (CA) et nommait un fiduciaire pour remplacer les membres du CA. Nous sommes en droit de nous questionner sur cette évaluation par rapport à celle faite par le premier ministre qui affirmait que nous devions « avoir les bonnes personnes en place ».

Si la note était parfaite, pourquoi le réseau a-t-il créé de toute pièce le poste de PDG adjoint et deux catégories de vice-président? Qui a recommandé ces nominations?

Ce communiqué remet en question la pertinence des évaluations d’Agrément Canada. Comment pouvons-nous avoir des notes presque parfaites lorsque nous fermons des urgences les fins de semaine, des services de soins de santé sont fermés pour de courtes ou de longues périodes, que nous manquons de personnel?

Les évaluations prévues à des dates déterminées et annoncées nous fournissent-elles un véritable portrait de la situation? Est-ce que les informations fournies aux évaluateurs ont été préparées avec des lunettes roses?

Nous sommes en droit de nous questionner sur la véritable situation!

Les transferts en santé

Égalité santé en français N.-B. inc. (Égalité Santé) croit que dans le cadre des prochaines ententes fédérales provinciales, le transfert de fonds doit se faire dans un cadre de transparence et de conditions claires pour l’utilisation de ces fonds au niveau provincial.

De plus, dans le cas du Nouveau-Brunswick, la prémisse de base doit être le respect de l’article 16.1 de la Charte canadienne des droits et libertés qui reconnaît deux communautés linguistiques dans notre province, d’institutions égales pour les deux communautés.

Il faut ainsi que les ententes comme celle qui est négociée actuellement en santé, établissent clairement la part du financement pour chacune des communautés linguistiques en tenant compte que les deux communautés ont droit à des institutions égales nécessaires à leur protection et à leur promotion.

La santé est une de ces institutions, ce qui signifie que les fonds transférés ne peuvent pas aller dans les fonds généraux de la province ou seulement dans la régie anglophone. Ceci signifie également qu’il est possible en vertu de cet article, de la Loi sur l’égalité des deux communautés linguistiques du N.-B. et des obligations du fédéral en vertu de la Loi sur les langues officielles, d’assurer la survie et la promotion de la communauté linguistique de notre province, que le réseau Vitalité (réseau de la communauté linguistique francophone) reçoive une allocation de fonds supplémentaires pour arriver à une égalité de soins de santé.

Comme le fédéral et le provincial ont le devoir de respecter ces trois lois et que le gouvernement actuel nous a démontré son désintéressement envers la communauté francophone et ses institutions, Égalité Santé a fait des représentations auprès du fédéral pour s’assurer que notre communauté linguistique et son réseau de santé (Vitalité) progressent et offrent la même gamme de soins de santé que le réseau de la communauté anglophone (Horizon).

Pour l’intérêt de qui?

C’est tout un revirement d’opinion que la direction générale du réseau de santé Vitalité a effectué lors d’une récente entrevue avec le journaliste de Radio-Canada/Acadie. Dre DesRosiers qui affirmait en début de mandat que la langue n’avait pas d’importance en santé affirme maintenant que « les francophones ont le droit de recevoir leurs soins en français. » Dre DesRosiers affirme de plus que chaque réseau doit avoir son propre conseil d’administration (CA).

Dans la même entrevue, elle constate que le système de santé est trop morcelé visant ainsi la gestion par Medavie du programme extra-mural et d’ambulances. Il est vrai que les temps de déchargement actuels font les manchettes et sont inacceptables. Cette situation est causée par les problèmes liés aux hôpitaux, soit les fermetures de lits, la pénurie de personnel, l’incapacité de transférer des patients dans des institutions qui relèvent du ministère de Développement social.

Là où j’ai de la difficulté à comprendre sa logique, c’est sur le rôle des membres du Conseil d’administration du réseau, qui serait selon elle de « s’assurer de protéger sa corporation, s’assurer qu’elle est en bonne et due forme et qu’elle rend des comptes aux parties prenantes ».

Le réseau de santé Vitalité est le réseau de la communauté linguistique francophone et acadienne, les membres du CA devraient être tous élus par cette communauté linguistique et redevables à celle-ci. Le seul intérêt qui devrait être important pour les membres du CA est celui des patientes et des patients et non celui du réseau!

Comme nos députés, nos conseillers municipaux et les membres des Conseil d’éducation (CÉD), les membres du CA doivent avoir le droit de défendre les intérêts et les besoins des populations qui les ont élus. Ceci ne veut pas dire que dans les décisions ou les politiques d’ordre général, ceux-ci ne doivent pas tenir compte de l’ensemble des besoins de la population desservie par le réseau.

C’est ce que nous nous attendons de nos députés, de nos conseillers municipaux et des membres des CÉD. Tenir compte de l’intérêt du réseau, ce n’est pas tenir compte des patientes et des patients. Depuis 2015, trop de décisions ont été prises et ont nuit aux patientes et aux patients. Ce sont eux et elles qui doivent être la priorité absolue!

Jacques Verge

Les agences privées en santé

Il n’est pas nécessaire d’être un téléspectateur assidu de la télésérie  « STAT » pour comprendre l’utilisation des agences privées en santé. Ces agences deviennent nécessaires devant l’échec des gestionnaires de nos réseaux de santé de recruter et surtout de retenir leur personnel.

Nos deux réseaux, Vitalité et Horizon, ont avoué faire appel à ces agences pour combler des postes au sein de leurs institutions. Mais pourquoi  sommes-nous rendus là? Gérald Richard, fiduciaire du réseau Vitalité, affirmait dans une entrevue à Ici Acadie qu’il avait demandé à une firme privée de sonder les quelques 200 infirmiers et infirmières qui avaient quitté volontairement le réseau pour en connaître les raisons. Il disait avoir maintenant des « données probantes » qu’il n’a toujours pas divulguées.

Ces raisons ont été avancées depuis plusieurs années par plusieurs intervenant.e.s. Ce sont les suivantes : les conditions salariales, les horaires inflexibles, les congés d’été, le temps supplémentaire obligatoire et j’en passe.

Ce sont tous des éléments qu’une bonne gestion de notre réseau de santé aurait pu éviter mais qui se sont aggravés depuis 2015.  On aura beau nous parler de pénurie mais celle-ci était prévisible et encore une fois, à cause d’une mauvaise gestion, rien n’a été fait, surtout pour les francophones. Citons la problématique de l’examen NCLEX-NB ou encore la centralisation des ressources humaines de Vitalité.

Encore maintenant, nous entendons de futurs professionnels de la santé nous dire qu’ils et elles n’ont eu aucun signe de Vitalité ou que les suivis ne se font pas mais qu’Horizon communique rapidement avec eux et elles.

Est-ce une tactique de nos dirigeants depuis 2015 pour affaiblir le réseau de la communauté francophone pour que l’objectif du premier ministre d’avoir une seule régie soit atteint? J ‘ose espérer que les hauts dirigeants du réseau Vitalité  maintenant sous l’emprise du PM et du ministère seront d’abord francophones, et non seulement des fonctionnaires.

Jacques Verge